Bonnes pratiques et pièges à éviter pour un projet innovant heureux.
Silos vs. Interactions
Les idées nouvelles naissent du mélange de plusieurs flux d’information venus de domaines très différents. L’innovation naît des liens et des synergies exploitées entre des domaines qui n’ont a priori rien à voir les uns avec les autres. La nature est sans
doute notre source d’inspiration la plus riche. Citons, par exemple l’aérodynamique du TGV japonais qui est inspirée de la forme du Martin-Pêcheur. Parmi les exemples technologiques, Isaac de Rivaz s’est inspiré du pistolet de Volta pour construire le premier moteur à explosion. Bref, nous faisons naître les idées nouvelles en allant voir ailleurs.
Être conscients de nos biais de pensée
Nous partageons tous des biais de pensée. Notre cerveau est ainsi fait, nul n’y échappe. Même si ces biais de pensée ont été étudiés en profondeur depuis longtemps, notamment par le célèbre prix Nobel d’économie Daniel Kahneman, nous en restons souvent prisonniers. En étant sensibilisés à nos biais, nous minimisons le risque de nous perdre dans nos hypothèses et analyses de résultats. Paradoxalement, ce danger fait des ravages en sciences, où l'on suppose - à tord - que la méthodologie scientifique objective nous immunise contre ces biais. Combien d’hypothèses incomplètes? Combien de biais qui nous égarent, de raccourcis pris pour conforter l’hypothèse de départ, coûte que coûte?
Célébrer nos échecs
Sauf lorsqu'il est causé par un biais de pensée, nous devons célébrer notre échec. C’est lorsque le résultat contredit l’hypothèse de départ que le chercheur est le plus satisfait. Cela signifie qu’il est en train de faire une découverte. C’est le moment pour lui de continuer, d’aller plus loin, de comprendre un phénomène nouveau qui lui ouvrira les horizons de l’innovation. Oui, mais lorsque le temps presse, que le budget est déjà épuisé, que le client mécontent s’impatiente, on dit souvent au chercheur: “c’est impossible! Tu as fait une erreur dans tes manipulations!”. Et bye bye innovation… On reste coincé dans ses hypothèses de départ. Alors on “optimise”, on fait une amélioration mineure, et si rien ne marche, un re-branding. Dommage, l’innovation était presque à portée de main.
Oser investir dans l'inconnu
On peut comprendre les impératifs du business. Ce n’est pas facile de dire: “OK, on y est presque, investissons des sommes importantes dans l’inconnu” (oui, le résultat contredit bien l’hypothèse de départ dans laquelle nous avions placé tous nos espoirs). Pourtant, en persévérant, nous allons comprendre un phénomène fondamental. Nous allons faire une découverte qui donnera naissance non pas à une innovation, mais à des innovations, qui à leur tour donneront lieu à une multitude de solutions et de produits, dans des domaines multiples et variés.
Si nous nous efforçons de regarder au delà du coût initial, et que nous percevons le potentiel de nouvelles inventions, que nous pourrons adapter à de multiples applications, nous pouvons justifier l’investissement dans l’inconnu. Pour cela, il faut avoir le luxe de pouvoir agir à long terme, mais cela en vaut la peine.
Techno-centrisme vs. Holisme
Quand on pense innovation aujourd’hui, on pense surtout technologie. Oui, nous sommes dans une ère de disruption technologique qui exerce une pression sur le fonctionnement de l’humanité entière. On entend les ingénieurs, les chercheurs, les entreprises technologiques nous expliquer que nous devons nous adapter à la technologie et comment y parvenir. Et c’est pour cela que nous avons besoin plus que jamais des philosophes, des juristes, des philosophes, des linguistes… Avec la disruption technologique viennent des problèmes d’éthique, de droit, de propriété intellectuelle, de protection des données privées. Nous avons besoin que les juristes s'en emparent. Nous avons besoin des linguistes pour nous éclairer sur ce jargon technologique qui s’est imposé comme notre langage par défaut. Nous avons besoin des philosophes pour nous alerter sur les opportunités à venir et les dangers qui nous guettent. Nous avons besoin des économistes et des gestionnaires pour nous éclairer sur les meilleures stratégies pour que l’innovation technologique apporte le maximum au plus grand nombre, y compris notre écosystème. Le push technologique doit donc s'accompagner d'un pull multi-disciplinaire où règne un dialogue constructif. C’est ainsi que l’innovation devient utile et bénéfique, qu’on en comprend ses dangers, ses bienfaits, ses limites et qu’on tire le meilleur de l’investissement fait dans la recherche. C’est valable à l’échelle de l’entreprise comme à l’échelle de la société.
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